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Tuesday 20 February 2007

histoire d’amour merdique 3me partie la fin

Soudain, le nombre 2000 ne lui plaisait plus. Tous ces mots qui émigraient, toutes ces lettres écrasées sur la « chaussée » et l’odeur puante des cadavres de « partout » lui fit sentir qu’il avait perdu à jamais sa petite histoire. À ce moment-là son regard tomba sur des familles de mots descendant rapidement les marches afin de se cacher dans l’abri de sa tête. Il trouva donc les familles « calme », « résistant », « Dieu merci », « je reste », « je ne vendrais pas ma terre », « le sang du martyr ne s’achète pas », « venu le temps de la libération », « le son de nos cloches ne se taira point » et autres familles comme « protège-nous Seigneur », « Aide-nous Seigneur » et « Oh mon Dieu ! »
Face au spectacle de ces familles résistantes qui dégringolaient dans l’escalier, la tête ensanglantée de Abed se détendit surtout à la vue de la « petite histoire merdique » qui frayait son chemin en s’enveloppant dans la « robe des prophètes » avant de disparaître. À ce moment-là, Abed se rassura sur sa petite histoire et laissa son rasoir s’amuser avec quelques idées désuètes comme « lavez les mains avant et après avoir manger », « Veuillez attacher votre ceinture », « prière de ne pas fumer », « le ministère de la Santé avertit des effets néfastes de la cigarette », « Nul n’est censé ignoré la loi », « la justice punit et récompense » et « chacun sa chacune. »
Oh comme il avait du plaisir à raser les « dix commandements » ! Je me rappelle comment le mot « dix » fut tranché en dix morceaux et éparpillé sur le sol blanc de cette belle salle de bain, belle comme ce « beau matin ». Il voulait se souvenir de cette scène-là, de cette journée-là mais il ne put trouver les mots qui y correspondaient. Il se contenta alors de poursuivre « libido » dans les ruelles de son cerveau car l’appétit de son rasoir était tellement excité par ce mot, par la libido d’Avedice. Il était enivré par sa langue sensuelle, par le son de ses murmures chuchotés dans son oreille et par ces poils électroniques qui faisaient luire son corps enseveli par des baisers parfumés d’une femme. C’est ce qu’il aimait en elle. Il était épris par ce double corps, double parfum, double désir sexuel…
Le revoilà qui épiait « libido » sortir d’une de ces ruelles encombrées dans sa tête et s’enfoncer dans l’obscurité de son œil droit. D’une main tranquille, il s’attaqua sur cet œil et vit jaillir un album de photographies dont la plupart étaient pornographiques et s’excita à la vue de ces images inanimées (c’est ce qu’il aimait plus que tout). Mais quelques secondes plus tard, lorsqu’il eut achevé de cette excitation pornographique, il regarda à droite et vit une photo encadrée placée sur au haut de la paroi de son crane. C’était une photo prise à son premier anniversaire. Il se voyait inanimé et entouré de vieilles filles. Il décida donc de s’effacer. Du côté gauche de son crane, il vit une autre photo. C’était le portrait, en noir et blanc, d’Avedice. Il le regarda de plus près et put voir le portrait de deux corps en couleurs. Il retrouva cette couleur qui lui manquait tellement et qu’Avedice adorait. C’était une couleur orangée et féminine. Il regarda vers le bas et ses yeux tombèrent sur la photographie de « orangée ». Il la trancha avec son rasoir et la laissa meurtrie dans le fond de sa pensée : deux cercles alléchants d’un « jus d’orange potentiel » ressemblèrent soudainement à un cadavre orangé piétiné sous le pas de « libido » qui sortait de son œil gauche et se dirigeait vers le haut de son nez. Les bras ouverts, elle était à la recherche d’un parfum libidineux avant de contracter cette maladie tranchante à trois lames. À peine eut-elle le temps d’apercevoir « parfum d’Avedice » qu’elle s’y jeta pour le couvrir de baiser avant de tomber à terre déchiquetée en six morceaux : l.i.b.i.d.o…C’était une scène excitante !
La vue de ces odeurs suicidaires du haut du nez de Abed el Mawla ressemblait aux éblouissants feux d’artifice des « festivités officielles » qui avaient, à leur tour, escaladé jusqu’au sommet de son crane creux et s’étaient jetées dans le gouffre mettant fin à leurs jours moroses. Les « festivités officielles » étaient accablées par la honte à chaque fois qu’elles se sentaient lues ou écrites ou même écoutées…Elles attendaient le bon moment et le gouffre idéal pour en finir avec ses jours avant l’arrivée du « chant du coq » qui a perdu la voix en tombant du haut des sourcils broussailleux de Abed el Mawla, avant d’atterrire sur « trois fois »…C’était une mise en scène très simple…C’était une scène puisée de la réalité.
Abed el Mawla n’eut pas pitié du « parfum des olives », ni de « l’odeur de la terre » ni même de la « puanteur des hôpitaux » qui lui a toujours donné envie de vomir à chaque fois qu’il mit le pied dans cet établissement blanc rempli de lits suspects…c’était l’endroit idéal pour les orgies, pensait-il, si l’on excluait la blancheur des murs.
Abed aperçut la « senteur d’Avedice » au fond du couloir nasal qui voulait se suicider avec « l’odeur du savon ». Pris de panique, il essaya de l’arrêter, la priant de l’attendre. Il voulut la supplier de paraître dans sa petite histoire mais le flot des mots coulant d’entre ses lèvres l’en empêcha. La rage au cœur, il se jeta alors sur la foule d’odeurs entassées dans les couloirs de ses narines, égorgeant les unes et écrasant les autres. Son souffle enfantait de milliers de paroles dans l’air.
Soudain, Abed el Mawla pris sa lame de nouveau et visa la « senteur du savon ». Il prit un plaisir immense à la déchiqueter, traînant derrière elle ses lettres dans ce couloir nasal broyé. Ses yeux, ensuite, repérèrent le « parfum vaginal » d’Avedice. Il la vit là-bas, mourante, étendant son bras, en un geste de désespoir, et s’accoudant sur le bord de « l’odeur de la ville ». Il voulut lui caresser le visage pour la soulager de sa terreur. Il lui tendit le bras, oubliant sa lame qui faisait désormais partie intégrante de sa main tremblante sans qu’il ne le sache, et passa ses doigts/sa lame sur le cou du « parfum vaginal » d’Avedice, l’égorgeant avec la même froideur des bouchers à l’abattoir de Beyrouth. Il tua avec elle «l’odeur de la ville » qui se coupa en deux et répandit sa puanteur dans les lieux. Abed voulut sentir l’odeur de son crime mais ne trouva pas les mots appropriés. Il jeta un regard dans le miroir et vit son visage nu et un flot de paroles jaillir de sa bouche et de son souffle. Il vit des millions d’images tomber de son œil droit et la « senteur de son parfum » s’effondrer à terre et tendant sa tête vers la guillotine de ses doigts qui n’eut pas pitié d’elle malgré les efforts et les pleurs de « détresse » qui essayait de sauver le dernier « parfum » dans sa tête avant de s’éclater en milles lettres dans l’espace de sa mémoire. Abed voulait s’arrêter mais la vue du carnage raviva l’envie sanguinaire de ses doigts. Il pouvait voir de son œil droit le sourire séduisant sur la face de sa lame/ses doigts lorsqu’elle s’élevait dans l’espace de sa salle de bain avant de s’acharner sur une « phrase par ci » et une « phrase par là ».
Abed el Mawla eut la nausée et régurgitait le restant de ses mots à chaque fois que son œil se posait sur son visage dans ce miroir. Il comprit, à ce moment-là, qu’il ne pourrait jamais écrire sa petite histoire. Ill était entrain de bafouiller ces dernières « paroles » encombrées. Ses doigts se sont détendus et le flots des mots qui coulait de sa bouche s’est asséché. Il jeta un dernier coup d’œil sur sa lame qui brillait comme d’habitude avant qu’elle ne se jeta sur le cou d’Abed el Mawla qui tomba du coup sur le sol de sa salle de bain blanche, couverte des cadavres des mots. Lorsque son crâne troué et vidé se fracassa sur le bord du lavabo, la dernière phrase qui lui restait s’envola et s’accrocha sur cette étendue blanche (le mur de sa salle de bain). Un sourire se dessina alors sur les lèvres d’Abed el Mawla qui ressentait, pour la première fois le besoin imminent de sourire, lorsqu’il réussit à lire ce qui était écrit sur cette étendue (le mur) avant de fermer l’œil droit à tout jamais.
Abed a enfin put rédiger sa petite histoire sur le mur blanc de sa salle de bain. Il réussit à écrire une « histoire d’amour merdique ».

FIN

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